Le 29e
Régiment put exploiter l'entrée du 2e Bataillon
du 175e dans l'intérieur de la ville. Le 17, vers midi,
un pont sur la Penfeld fut conquis et vers 17 heures, toute
la partie de Recouvrance s'étendant entre les remparts
et la rivière fut dégagée. Seuls le fort
du Portzic et la Base Sous-marine tenaient encore à la
tombée de la nuit. Le 18, à 8 heures du matin,
ces positions furent conquises et toute la résistance
à l'Ouest de la Penfeld était liquidée.
Dans ces deux journées d'opérations, la 2e Division
continua à rencontrer de la résistance dans la
matinée du 18, mais cette résistance ne provenait
que de groupes isolés de combattants et vers 13 heures
tout ce secteur était nettoyé. La 2e Division
fit 2 900 prisonniers dans la journée du 18.
Dans
la presqu'île de Crozon, l'ennemi continua à résister
même après la chute de Brest, mais cette résistance
s'affaiblit rapidement. A la tombée de la nuit le 28e
d'Infanterie occupa la presqu'île de Camaret. La Force
Opérationnelle "A" se rendit maîtresse
de la presqu'île du Cap de la Chèvre, pendant que
le 2e Bataillon d'Éclaireurs (Rangers) nettoyait l'île
Longue. Le 13e d'Infanterie tâta la résistance
du rempart de la forteresse vers la gorge de la presqu'île
de Quelern et se prépara à l'assaut le lendemain
matin jusqu'aux points fortifiés de la Pointe des Espagnols.
Le 19
Septembre à midi, le 13e d'Infanterie escalada le rempart
de Quelern et poussa jusqu'à la pointe Nord de la presqu'île
de Crozon. Des drapeaux blancs flottaient sur les forts à
la fin de l'après-midi et le commandant en chef de la
forteresse de Brest, le Lieutenant Général Ramcke
et ce qui restait de ses forces furent faits prisonniers.
Le 20,
la Force Opérationnelle "A" fut envoyée
capturer une troupe de 325 Allemands qui occupaient la presqu'île
de Pont-Croix à l'Ouest de Douarnenez. Une sommation
de se rendre fut repoussée, mais quelques décharges
d'artillerie et la présence d'un avion au-dessus de la
position déterminèrent l'ennemi à accepter
les conditions et à se rendre.
La conquête
des Forts de Crozon, ainsi que la capture du Commandant de la
garnison de Brest, le Lieutenant Général Ramcke,
entraînaient la fin de la résistance de Brest ainsi
que la destruction d'une unité d'élite de l'armée
allemande, la 2e Division de parachutistes. La 343e Division
allemande d'infanterie ainsi que le 266e Division allemande
d'infanterie furent également détruites par le
VIIIe Corps au cours de l'opération de Brest et leurs
états-majors tués ou faits prisonniers. Le Général
Raush qui commandait la 343e Division et le Général
Spang qui commandait la 266e furent tous deux faits prisonniers.
Un calcul final montra que 38 000 hommes furent faits prisonniers
au cours de l'opération, ce qui portait à 76 000
le total des hommes faits prisonniers par le VIIIe Corps au
cours des campagnes de Normandie et de Bretagne. Plus de 4 000
Allemands blessés dont un grand nombre grièvement
furent évacués dans et autour de Brest, des nombreux
tunnels, ambulances et hôpitaux. On ignore actuellement
le nombre total des Allemands tués dans la défense
de ce port, la ville ayant été remise au service
des Communications avant la fin des recherches et de la mise
en terre des cadavres. Selon les évaluations incomplètes
que l'on put faire avant le départ du VIIIe Corps vers
l'Est, 1 059 Allemands ont reçus une sépulture
jusqu'à cette date.
L'oeuvre
de destruction dont la ville a été victime
était effroyable. Les Allemands ont voulu rendre
complètement inutilisable tout ce qui aurait pu être
utile aux Américains en ce qui concerne l'établissement
portuaire. Les ponts à travers la Penfeld étaient
détruits et leurs débris bloquaient complètement
le chenal. Sur le front de mer, les quais, cales sèches
et grues étaient démolis et les Allemands
allèrent même jusqu'à faire sauter les
brises-lames qui entouraient le port de guerre et le port
de commerce. De plus, ces bassins ainsi que la rivière
étaient encombrés de navires sabordés. |
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Les
opérations du siège effectuées par
le VIIIe Corps contribuèrent matériellement
à ces dommages. Le terrible pilonnage effectué
par l'aviation et l'artillerie américaine en même
temps que l'emploi d'essence blanche au phosphore et de
napalm, vida et incendia complètement chaque immeuble
dans la partie centrale ainsi que dans la base naval de
Recouvrance. Les rues étaient encombrées par
les décombres et les murs qui s'écroulaient,
rendaient une avance à travers la ville difficile
et hasardeuse. Le dégagement des rues destinées
à la circulation fut une tâche considérable
pour le génie. |
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La ville
fut remise à la section des Communications de la base
de Bretagne dans la soirée du 19 Septembre. Par suite
de la destruction considérable dont avait souffert le
port, son utilisation immédiate fut jugée douteuse.
Les examens préalables pratiqués par les autorités
du port n'étaient pas très encourageants et la
conquête imminente des ports de la Manche pouvait écarter
totalement la nécessité de l'utiliser.
Cependant,
le résultat immédiat fut l'élimination
d'un élément important de l'Armée allemande
et la libération du VIIIe Corps en vue de futures opérations
dans l'Est.
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